Assis sur un fagot, par Peter Bruder

Assis sur un fagot, une pipe à la main,

Tristement accoudé contre une cheminée,

Les yeux fixés vers terre, et l'âme mutinée,

Je songe aux cruautés de mon sort inhumain.

L'espoir qui me remet du jour au lendemain,

Essaye à gagner temps sur ma peine obstinée,

Et me venant promettre une autre destinée,

Me fait monter plus haut qu'un Empereur Romain.

Mais à peine cette herbe est-elle mise en cendre,

Qu'en mon premier estat il me convient descendre,

Et passer mes ennuis à redire souvent :

Non, je ne trouve point beaucoup de différence

De prendre du tabac à vivre d'espérance,

Car l'un n'est que fumée, et l'autre n'est que vent.


Marc-Antoine Girard de Saint-Amant, Oeuvres Poétiques,1629